Histoire contemporaine

De Massay à Massais.

Par Yves Duval, historien.

Les poilus de Massais.

Par Yves Duval, historien.

L’HISTOIRE  CONTEMPORAINE

Dans le chapitre « De Massay paroisse de l’Ancien Régime » Nous avons longuement évoqué le bourg et ses villages. Nous ne reprendrons cette description. Massais est resté une commune à l’habitat dispersé, avec un centre bourg légèrement en croissance et les mêmes écarts pouvant comporter parfois une dizaine de maison mais constitués aussi de fermes isolées quelquefois devenus résidences permanentes ou secondaires.

Massay, devenu Massais, mais que les habitants prononcent toujours « Machais » suivant une habitude vieille de plusieurs siècles, a peu souffert de la Révolution. Sa population a même légèrement augmenté, l’arrivée de réfugiés venus de l’Argentonnais compensant quelques départs.

La Révolution n’a pas transformé le village, mais a entrainé un changement profond dans le domaine de la propriété. Nombre de terres appartenaient à l’église, l’évêché, des congrégations religieuses ou même au curé. Certaines petites parcelles ont pu être achetées par ceux qui les exploitaient mais la majorité de ces biens ont été acquis par de riches bourgeois étrangers au village qui ont pu s’y installer, louer à des fermiers ou morceler ces terres pour réaliser une bonne opération financière. Ainsi vont disparaître peu à peu les bordiers qui pourront aux recensements s’afficher « propriétaires cultivateurs », mais aussi les métairies. Le fermage a remplacé le métayage. Nombreux sont ceux qui, pour vivre et faire vivre leur famille, travaillent comme domestique ou pire journalier.

Nous évoquerons l’évolution de cette population et de ses métiers au cours des deux siècles écoulés avant de nous arrêter sur les évènements majeurs qui ont marqué l’histoire du village.

La DEMOGRAPHIE

Au début du XIX° Le village compte 600 habitants. Une croissance presque continue va marquer ce siècle, avant que la décroissance ne réduise assez considérablement la population comme dans bien des communes rurales.

En 1836 la population totale atteint 628 habitants. 43 se déclarent « propriétaires » ce sont des propriétaires exploitants. 41 sont « cultivateurs » sans qu’il soit possible de distinguer les fermiers des métayers, voire de tout petits exploitants de quelques parcelles qu’ils louent.

103 sont domestiques ; pour la très grande majorité « domestique de ferme ».

62 sont journaliers.

A l’évidence il y a une grande disproportion dans la répartition des richesses. Le nombre de domestiques et journaliers confirme que le village est pauvre même si l’expression « Les gueux de Massais » semble être oubliée.

Notons cependant l’existence de 11 tisserands. Le tissage s’est développé à Cholet et s’est répandu dans la région.

En 1886 Cinquante ans plus tard, la population a sérieusement augmenté et atteint son maximum avec 811 habitants dont seulement 270 habitent le bourg. La fécondité due à une meilleure hygiène et une nette diminution de décès infantile explique en grande partie cette croissance.

Les dénominations utilisées pour certains métier ayant été modifiées, la comparaison avec l’année 1836 n’est pas toujours facile. Ainsi on ne retrouve plus que 33 « propriétaires ». Quelques remembrements peuvent expliquer la différence. Peut-être aussi l’apparition d’une dizaine de personnes qui se déclarent « rentiers (e) »

En revanche 105 chefs de famille se déclarent « cultivateurs », y compris des habitants du bourg qui n’exploitent sans doute que de petites parcelles.

Cette année-là on compte 5 bergers ce qui indique l’élevage assez important d’ovins, qui a ensuite disparu.

On ne dénombre plus que 40 personnes se déclarant « domestique » mais il faut ajouter à ce nombre 35 « servantes » appelées « domestique » dans le recensement précédent. Il n’y a plus que 15 journaliers.

S’il n’y a plus que 2 tisserands, on note l’existence de 13 couturières.

Tous les petits métiers indispensables sur place sont représentés par quelques artisans : Maréchal, charron, forgeron, cordonnier, sabotier ainsi que tous les métiers du bâtiment.

Notons aussi la présence d’un instituteur et une institutrice. Depuis 1866, Il y avait un instituteur à Massais, mais pas encore d’institutrice. Les filles pouvaient bénéficier de l’instruction donnée au « Couvent » par les trois religieuses qui y résidaient.

Enfin 14 personnes travaillent à la tuilerie qui s’est installée entre Vaucouleurs et la Buterne. En effet le bâtiment est un domaine qui a été très actif depuis quelques décennies, tant dans le bourg que dans les écarts. Il a fallu construire de nouveaux logements et remplacer ou rénover la grande majorité de ceux qui existaient au siècle précédent.

Les villages déjà peuplés auparavant ont connu une croissance plus grande encore que le bourg.

Les plus peuplés sont :

La Brousse Galet ;        61 habitants

Audefois :                     44

La Broousse Audebert :41

Batteviande :                 38.

A partir de 1886, la population de Massais ne va cesser de décroître. Entre cette époque et 1906, la chute est assez brutale. On passe de 811 habitants à 677 dont 235 dans le bourg.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes entre 1873 et 1886 il y a eu 255 naissances. Entre 1899 et 1912, il n’y en a plus que 175 !

Deux raisons expliquent ce déclin. En premier lieu le développement du chemin de fer à Thouars où pendant la même période la population passe de 2735 habitants en 1876 à 5630 en 1906 pour atteindre 10077 en 1936. Thouars a recruté dans toute la région et bien au-delà car on y trouve des parisiens, des normands mais aussi des travailleurs venus de Marseille ou même Perpignan.

En 1906 on peut ainsi dénombrer 32 Thouarsais nés à Massais. 15 sont des femmes. Aucune n’est mariée à un Massaisien. Les nombreux travailleurs venus de l’extérieur ne pouvant trouver de conjoints à Thouars sont allés les chercher dans les villages environnants. Massais n’était pas bien loin et les bals y étaient nombreux. Certaines ont trouvé du travail et il semble que les couturières étaient particulièrement recherchées !

 Si quelques hommes travaillent directement pour les chemins de fer, la grande majorité sont des artisans, des commerçants ou des journaliers. Le développement de la ville a multiplié les offres d’emploi dans tous les domaines. Ce départ d’hommes et de femmes généralement jeunes aura un impact durable sur la démographie du village.

En 1921 La Grande Guerre ayant accentué le phénomène, la population descendra à 617 âmes pour remonter à 669 en 1936.

En cette année 1921, l’agriculture reste l’occupation première avec une modification assez importante dans la répartition des fonctions et de la propriété. On dénombre désormais 48 propriétaires exploitants, 45 fermiers, 17 ouvriers agricoles, 32 domestiques de ferme et seulement 13 journaliers (es). Il y a moins de travailleurs dans le bâtiment et d’artisans et les moulins ont tous cessé leur activité.

D’autre part on trouve moins de familles nombreuses à l’exception de la famille Thibault à la Parionnière où l’on compte 10 enfants, aucune n’atteint le chiffre de 5. Trente ans plus tôt 5 familles au moins comptaient 5 enfants ou plus.

Par la suite, c’est une diminution presque constante de la population avec quelques sursauts après la construction de lotissements. Ainsi après être tombé aux environs de 580 dans les années 1980, elle a à nouveau atteint 620 en 2007 pour retomber à 574 en 2012.

Depuis quelques décennies, il n’est plus possible de comparer naissances et décès dans la commune car avec le développement de l’automobile les accouchements, donc les déclarations de naissance, se font à Thouars ou désormais Faye l’Abbesse et ne sont plus dans les registres de Massais. Quant aux mariages, ils se font de plus en plus rares. Seuls les décès n’ont pas subi de déflation…

Désormais il reste 29 exploitations agricoles, mais un seul magasin une supérette et un seul café bar, le célèbre café tenu par Madame Pineau jusqu’à ses 85 ans a lui aussi disparu.

LES EVENEMENTS MARQUANTS

Il semble que les habitants de Massais aient passé les différents régimes sans difficultés particulières. Que ce soit l’Empire, la Restauration, la République, cela n’a guère modifié le rythme de vie des habitants et leur comportement. Ils ont évolué au rythme du progrès sans en être à la pointe ni s’enrichir. Nous avons déjà évoqué le développement de Thouars et son impact sur la démographie. Nous évoquerons longuement la guerre de 14-18 en hommage aux Massaisiens qui ont combattu, mais quelques autres ont directement intéressé voire passionné la population et méritent d’être cités.

L’évolution du monde agricole

Il est difficile de dater l’évolution du monde agricole. Mais au XIX° siècle le territoire de la commune était couvert de vignes. Désormais cette culture a disparu de la commune alors qu’elle est restée importante dans les communes voisines de Bouillé-Saint-Paul et Cersay.

Le Phylloxera est-il responsable de cette évolution ? Il est impossible de l’affirmer, mais cette maladie de la vigne a sans doute joué un rôle. Certes dans une réunion du conseil municipal en 1890 les élus autorisent l’utilisation de vignes américaines affirmant que la maladie n’a pas atteint la commune. Mais à cette même date les bouilleurs de cru accusent la maladie qui ne leur permet plus de produire. Qui croire ?

Quoiqu’il en soit les agriculteurs d’aujourd’hui se consacrent à la culture, majoritairement du maïs et du tournesol, et à l’élevage de bovins mais aussi de chèvres et de volailles.

La Nouvelle église, années 1880-1892

L’église Saint-Hilaire se dégradait lentement. Dès le XVIII° siècle de premiers défauts avaient été signalés. La situation devenait grave. De plus l’augmentation continue de la population l’avait rendue trop petite. Si la ferveur catholique avait commencé à diminuer, le baptême, la communion, le mariage, les enterrements religieux et pour la majorité la messe du dimanche, restaient des actes incontournables.

C’est le 30 Juin 1881 que la fabrique, l’organe de gestion des biens de l’église dans la commune, lance le processus qui conduira à la réalisation de l’église actuelle. C’est M Taillecours le président qui fait le constat « L’église, 240 m2 environ est beaucoup trop petite pour contenir 800 habitants … La sacristie de 6 m2 également trop petite » Surtout il fait un constat alarmant de certaines parties qui menacent ruines. On découvre dans ce document que l’église est alors en deux parties. L’une a été reconstruite en 1867, son toit a été recouvert d’ardoises. L’autre partie n’aurait guère changé depuis le XI° siècle. Elle est recouverte de tuiles et a pour voute un plancher qui tombe en ruines.

L’aspect de cette église avec un toit en deux parties devait être quelque peu folklorique :

La fabrique en déficit n’a pas les moyens de payer les travaux nécessaires. Il faudra dix ans, l’engagement de la commune et des aides extérieures pour la réalisation de la nouvelle église agrandie et renforcée.

Mais son histoire ne s’arrête pas là. La loi de séparation de l’église et de l’état implique l’inventaire des biens de l’église et de la fabrique en 1906.

Dans diverses communes cet inventaire tourne à l’émeute et ne pourra être réalisé que sous la protection des forces de l’ordre. Il n’en est rien à Massais. Dans sa délibération préalable la fabrique explique « Vu que les hommes à Massais ne sont en grande majorité chrétiens que de nom » il ne semble pas souhaitable d’appeler à manifester. Seul le curé lira une protestation solennelle.

Le 2 Mars 1906, lorsque les deux personnes responsables de l’inventaire se présentent le curé fait sonner les cloches à toute volée et une soixantaine de paroissiens viennent malgré tout assister aux opérations. Tout se passe sans incident et rapidement. En moins d’une heure tout est fini. Il n’y a pas eu de véritable inventaire des biens mobiliers et immobiliers comme le prévoyait la loi. On peut d’ailleurs le regretter car il aurait été intéressant de connaître avec précision tout ce que contenait l’église et le presbytère en meubles, tableaux, sculptures, ouvrages etc.

L’Eglise ayant refusé de créer les associations prévues par la loi pour gérer ces biens, c’est la commune qui en est désormais propriétaire et responsable. Elle s’en réjouit car elle peut enfin récupérer la place et l’environnement, le jardin du curé, qui appartenaient à la fabrique et que la commune depuis longtemps cherchait à s’approprier.

En fait, c’est aussi un cadeau empoisonné car les tuiles du clocher commencent à se décrocher. Il faut intervenir d’urgence. La municipalité décide de faire réaliser une toiture en zinc et malgré un oukase du Préfet exigeant une reconstruction à l’identique, elle passe outre et le clocher va prendre son aspect actuel.

Quelques particularités de l’église Saint Hilaire seront présentées dans le chapitre sur « les curiosités de Massais »

La passerelle du Moulin-Bernard

En 1793, c’est à la demande des habitants de Massais que fût décidée la construction d’une passerelle sur le chemin menant de Vieux-Pont à Audefois. Ce ne fut pas sans quelques difficultés, les membres du Conseil Municipal n’arrivant pas à s’accorder pour la désignation du responsable du projet. L’agent-voyer d’Argenton-Château, ayant accepté de diriger les travaux gratuitement, fût finalement accepté et la passerelle existe toujours ayant été reconstruite après sa destruction dans les années 60.

L’installation du Tramway Bressuire-Montreuil-Bellay 1898

Le projet d’installer une ligne entre Bressuire et Montreuil-Bellay a longuement muri, porté par Camille Jouffraut maire d’Argenton-Château et sénateur. Aussitôt l’idée lancée, tous les villages du secteur ont exprimé le souhait que la ligne passe chez eux. Massais semblait assez bien placé pour obtenir satisfaction. La polémique dura longtemps. Non seulement la ligne permettrait le développement du village, mais avoir une gare au nom de Massais participerait à sa renommée et serait une fierté pour les habitants. Hélas, c’est sur un terrain de la commune d’Ulcot un petit village de moins de 100 habitants que fût construite la gare. A quelques dizaines de mètres près, elle se trouvait sur le territoire de Massais ! Mais la société responsable « Les Tramways des Deux-Sèvres » appelés « TDS » avait choisi au plus court.

Les mauvaises langues et les déçus ne mirent pas longtemps à surnommer ce tramway « Train Déraillant Souvent » ou « Tortillard des Deux-Sévres », mais finalement les habitants de Massais firent contre mauvaise fortune bon cœur et utilisèrent ce tramway tant qu’il exista de 1898 à 1939, d’abord avec une petite locomotive à vapeur puis à partir de 1922 en autorail.

Un autre projet de ligne à voie normale entre Nueil les Aubiers et Thouars a été mis à l’étude. Evidemment les habitants de Massais étaient ravis et le conseil municipal a appuyé ce projet qui hélas n’a jamais vu le jour.

En revanche une ligne de bus a existé un temps avant d’être abandonné en 1944.

La laiterie coopérative de Massais

Le « beurre de Massais » a longtemps été prisé et célèbre dans le secteur. La laiterie faisait la fierté des habitants.

 ………………………..

La création de la nouvelle école (1906)

L’école installée dans un bâtiment vieillot et inadaptée ne pouvait répondre aux besoins de la commune. D’autre part cette ancienne école recevait uniquement les garçons. Il fallait « laïciser » l’école ouverte aux filles tenues par des religieuses. Le projet longuement discuté aboutit à ce que l’on peut encore observer de nos jours : un bâtiment bien équilibré qui séparait garçons et filles avec un logement pour l’instituteur et un autre pour l’institutrice et des cours de récréation assez spacieuses.

            LES POILUS de MASSAIS

La guerre 14-18 a été sans conteste l’évènement majeur du XX° siècle, tant pour les hommes appelés à combattre que pour ceux qui restaient et pour les femmes contraintes de remplacer les absents dans des travaux auxquels elles n’étaient pas soumises jusque-là. Nous étudierons donc en détail cette période.

Préalable : Toute étude présentant des statistiques doit être prise avec précaution. Les critères de base doivent être bien définis. Ainsi le terme « les poilus de Massais » comporte une ambiguïté certaine. S’agit-il des soldats de 14-18 nés à Massais ou de ceux qui habitaient Massais au moment où ils sont partis au front ou seulement de ceux qui sont inscrits sur le monument aux morts ?

           S’il est relativement facile d’établir des listes à partir des naissances à Massais, il est plus délicat de connaître avec exactitude ceux qui habitaient la commune au moment de leur départ mais n’en étaient pas originaires. La mairie peut avoir enregistré des décès dont elle a reçu l’avis parce que les parents y habitent ; cela ne prouve pas que le poilu défunt y résidait aussi. Les mariages, la recherche d’un emploi expliquent les nombreux changements de résidence, le plus souvent vers un village voisin. Cependant en général départs et arrivées s’équilibrent et permettent de généraliser certaines données. Le paragraphe consacré au monument aux morts de Massais en montrera des exemples précis.

          Pour éviter toute ambiguïté la précision « né à Massais » sera parfois utilisée sinon sera employé le terme « Massaisiens ».

  1. I) La mobilisation

Lorsque le 1° Août au soir la nouvelle du décret de mobilisation parvient à Massais relayée par le préfet puis le maire, elle circule très vite non seulement dans le village mais aussi dans les hameaux et les fermes isolées. C’est d’abord la surprise qui domine. Très peu de gens lisent un journal et si ‘on sait que la situation internationale est tendue les conséquences n’en ont pas été mesurées.

Le décret ne sera affiché que le lendemain soir mais déjà la mobilisation fait l’objet de toutes les conversations. Ce n’est pas tellement la guerre et ses horreurs qui préoccupe mais plutôt les conséquences sur le village. Comment va-t-on remplacer tous ces hommes qui doivent partir ? Qui pourra assumer les travaux agricoles ? Pourra-t-on remplacer les hommes jugés indispensables dans leur fonction comme le facteur ou l’instituteur Léon Rochard qui est aussi conseiller municipal et fait office de secrétaire de mairie ? L’institutrice peut-elle aussi enseigner aux garçons ? Et le boulanger Théophile Delavault, est-ce qu’il va partir ? Tout le monde le connait, sait qu’il a près de 40 ans. Mais jusqu’où ira la mobilisation ?

Les précisions données par l’affiche en rassurent certains. Pour le moment seuls sont directement concernés ceux qui appartiennent à ce qu’on appelle « la réserve active » soit les classes de 1900 à 1910. Les autres qui appartiennent à la Territoriale ou la Réserve Territoriale ne seront convoqués que plus tard. Chaque ancien conscrit regarde son livret militaire et la pièce qui y est jointe, laquelle précise le jour où il doit se présenter dans le régiment où il est affecté. Pour certains c’est dès le deuxième jour après la promulgation du décret ; d’autres auront deux jours de délai supplémentaires pour se préparer.

Au total, c’e sont environ 130 Massaisiens, nés dans la commune ou y résidant au moment de la mobilisation, qui quittent leur foyer pour rejoindre leur régiment.

Les Massaisiens sont en très grande majorité affectés au 114° Régiment d’Infanterie de Parthenay et au 125°RI de Poitiers, ou dans d’autres régiments du même Corps d’Armée et rejoindront leur garnison en train à partir de Thouars.

Les deux régiments cités forment une Brigade indissociable. Nous ne présenterons pas ici le suivi de ces régiments dans leurs différents combats. Leur parcours a été développé dans le livre « Les Thouarsais dans la grande Guerre » présenté par la SHAAPT. Nous nous intéresserons plutôt ici aux parcours individuels et à leur répercussion dans le village, en citant les morts pour la France, les blessés et les prisonniers sans faire ici la distinction entre ceux qui y sont nés, mais peuvent avoir quitté le village, et ceux qui y vivaient au moment de la guerre.

 Mais Le premier soldat tué au combat, né à Massais demeurait à Mauzé-Thouarsais. Isidore Emile BODIN de la classe 1911 était déjà sous les drapeaux ce qui explique qu’il soit déjà engagé dans les combats. Il est tué à Morhange le 20 Août. Dans les deux villages, la triste nouvelle se propage vite.

Mais le premier avis de décès qui est arrivé directement au village et a été porté à la famille par le maire est celui d’Albert Michaud. Celui-ci n’est pas mort au combat, mais dans un accident de chemin de fer le 15 août. Le transport des Armées mobilisées vers le front a été un véritable exploit logistique avec de longs trains transportant les troupes, mais aussi les chevaux, les canons et tout le matériel. Malheureusement il ne s’est pas déroulé sans quelques accidents.

C’est le 22 août qu’Alphons Jolly de la classe 1910 est tué à Saint-Vincent.  Il est marié et père d’un enfant. La nouvelle n’en est que plus cruellement ressentie.

Hélas ce ne sont que les premiers d’une série particulièrement longue en 1914, après 5 mois de guerre seulement. En septembre, c’est la bataille de La Marne. La Brigade est engagée dans les Marais de Saint-Gond épisode bien connu et glorieux. En effet Foch commande le secteur et le premier qualificatif employé ensuite pour justifier son bâton de Maréchal est « vainqueur aux Marais de Saint-Gond ». C’est dire l’importance de ce combat dans la célèbre Bataille de La Marne. Si les Massaisiens engagés ont dû beaucoup souffrir, on ne déplore parmi eux aucun tué à ce moment, mais il est probable qu’Albert Giraud décédé de ses blessures en octobre à l’hôpital de Luchon où il a été évacué, a été blessé lors de ces combats.  On dénombre d’ailleurs d’autres blessés, pour lesquels l’annonce qui arrive tardivement aux familles, en général par une lettre des intéressés, parfois par un ami ou même un supérieur de l’intéressé, est plutôt un soulagement.

Evidemment nous n’avons pu déterminer au bout de combien de temps les familles ont été prévenues. Sans doute parfois après un délai assez long et certaines ont dû s’inquiéter, surtout si leur Poilu avait l’habitude d’écrire très régulièrement.

En 1914, les blessés identifiés en ce début de guerre sont : Clément Palluault le 22 août, Gustave Cartier le 14 septembre et Eugène Rétoré le 24 de ce mois. Il repartira au front et sera à nouveau blessé à trois reprises. Même s’il échappe à la mort, ce n’est pas vraiment un chanceux.

Les autres blessés de 1914 le seront dans le secteur d’Ypres ou le Corps d’Armée a été engagé. Il s’agit de Léon Brémaud, Alexis Fardeau qui sera à nouveau blessé en 1915, Célestin Fardeau, Auguste Miniot et Eugène Jolly qui sera amputé d’un bras.

Il faut noter que ne sont répertoriés que ceux dont la blessure a été enregistrée dans les pièces officielles. Ceux qui n’ont eu qu’une blessure légère et, soignés à l’infirmerie de leur régiment, ont été renvoyés au front, ne sont pas forcément connus.

Dans ce secteur d’Ypres et surtout à Zonnebeck, les combats ont été terribles et la commune déplore plusieurs tués en cette fin d’année 1914 : Henri Tavard, Louis Provost, Raoul Maçonnerie, Daniel Devis, Louis Cousin sont de ceux-là. Ils sont tous morts au combat. 

Trois autres Poilus ont mérité l’appellation de « Mort pour la France » alors qu’ils sont morts de maladie dans un hôpital de l’arrière : Adrien Pierrois (typhoïde), Alphonse Puchault père de deux enfants (maladie non précisée) et Joseph Poignant père d’un enfant (typhoïde).

Il faut préciser que si certaines maladies permettaient automatiquement au soldat décédé d’être qualifié de « Mort pour la France » parce qu’il y avait une quasi-certitude que l’homme avait été contaminé dans les tranchées, ce n’était pas le cas de toutes surtout au début du conflit. La tuberculose déclarée, au moins au début du conflit, ne méritait pas l’attribution de cet honneur. Finalement ce sont les médecins qui étaient les juges. Il est permis de penser qu’ils ont été indulgents dans certains cas. Parmi les habitants de Massais, on ne trouve pas de morts de maladie qui n’aient pas été reconnus MPLF.

1915 sera une année un peu moins difficile pour les Poilus de Massais. Le front s’est stabilisé. Ils ont appris à creuser de bonnes tranchées et savent mieux se protéger. En 5 mois de 1914, nous avons cité 19 noms d’hommes Morts pour la France ou touchés dans leur chair ; c’est autant de familles qui ont été atteintes. Durant l’année 1915 ,15 noms seulement sont à citer. Neuf d’entre eux l’ont été lors d’une contre-attaque particulièrement sanglante, voulue par Joffre, qui s’est avérée inutile. Les Massaisiens engagés dans le Pas-de-Calais dans les secteurs de Neuville-Saint-Vaast et Loos. Joseph Fardeau, Adrien Nombalais, Eugène Pineau, Abel Gourdon, Auguste Fouchereau et Adrien Niort ont été tués dans ces combats et Alexis Fardeau, Louis Bineau, Adrien Courjault et Ernest Robiny y ont été blessés.

Les autres victimes, les tués Clément Talbot, et France Moreau ont été tués dans d’autres combats et Joseph Gourdon et Louis Poleau blessés.

On relève aussi cette année-là le premier soldat prisonnier, Florent Heraut dans des circonstances qui ne sont pas connues. On ignore aussi s’il avait été un vaillant Poilu mais il avait avant la guerre été plutôt mauvais garçon puisqu’il avait eu 8 condamnations. 

En 1916, compte tenu de l’ampleur de certains combats sur des sites célèbres comme Verdun, on pourrait craindre une forte augmentation des décès. Il n’en est rien ; cette année- là on décompte 5 décès. Louis Simonet a disparu dans le naufrage du paquebot « La Provence » coulé en Méditerranée. Alexis Bremaud, Henri Bremaud, Mathurin Minaud ont été tués lors des combats acharnés sur la trop célèbre côte 304 où le Corps d’Armée s’est particulièrement distingué. Quant à X.Girardeau dont le nom a été relevé, il n’est pas dans la liste officielle des MPLF ?

     La famille Bremaud a été particulièrement touchée puisque Baptiste Bremaud a été fait prisonnier, toujours côte 304. D’autres prisonniers sont à citer René Bouchereau qui était blessé, ainsi que Germain Grivault et Jean Lacaze.

En 1917, le bilan est assez comparable à celui de l’année précédente. Henri Sauvètre, Gustave Guignard, Isaïe Sibileau sont morts au front. Henri Nault qui avait été gazé est ensuite décédé, Moïse Turmeau blessé au Chemin des Dames est décédé à l’hôpital de Braine. Octave Fardeau est mort de maladie en service à l’hôpital de Trébeurden où il avait été évacué. Notons que Sibileau avait été porté disparu ; ce n’est qu’un jugement en octobre 1921 qui officialisa son décès. Gustave Niort blessé a été amputé d’une jambe. Et Auguste Minot a été également blessé encore au Chemin des Dames. Cette année-là on ne déplore aucun prisonnier.

1918 : Si le 11 Novembre fût une journée de liesse, l’année avait été particulièrement dure pour les Poilus et leurs familles. 19 noms de victimes ont été relevés cette année-là.

           Louis Charles, Célestin Berthonneau, Edmond Godin, Eugène Guillot, Constant Chollet, Etienne Poirier, Louis Poignant, Eugène Raimbault, Jean Proult et Auguste Clément sont morts au front ou dans les hôpitaux où ils avaient été évacués.

             La liste des blessés est aussi longue : Gustave Pajot, Léandre Gelé, Bernard Gourdon par bombe d’avion, Maurice Guignard, Isidore Jolly, Maxime Lefèvre, Louis Payneau, Eugène Réthoré, sans que l’on connaisse toujours la gravité de leurs blessures

Le monument aux morts

       Comme dans tous les villages un monument aux morts a été érigé à Massais. Comme beaucoup, il est dédié « aux enfants de la commune ». Nous avons déjà évoqué l’ambiguïté de la formule. S’agit-il des poilus nés dans la commune ou des hommes qui habitaient Massais au déclenchement de la guerre ?

                Un nom au moins souligne la complexité du problème « A Clément ». On retrouve le nom de 150 Poilus se nommant Clément et dont le prénom commence par A morts au combat. Il est très probable que celui cité sur le monument est Auguste Clément né à Moutiers et demeurant à Mauzé-Thouarsais, où on trouve son nom sur le monument. S’il est aussi sur celui de Massais, c’est peut-être qu’il y travaillait mais son nom n’est pas cité dans le dernier recensement d’avant-guerre et aucune famille de ce nom n’habite la commune.  Bizarrement dans les registres de 1921 de Massais se retrouve le nom d’Auguste Clément dans le jugement du tribunal de Bressuire qui le reconnaît pour mort. Ce texte précise « né à Moutiers » et « demeurant à Mauzé-Thouarsais ». Pourquoi ce jugement est-il arrivé à Massais ? Il n’est pas dans les registres de Mauzé. Peut-être s’agit-il simplement d’une erreur du tribunal dans l’envoi du courrier…

         L’étude de la liste des noms présente malgré tout une certaine surprise. Sur les 26 Poilus nés à Massais, reconnus pour être Morts pour la France, 11 seulement sont cités sur le monument. Les 17 autres cités sont tous nés dans les communes environnantes à l’exception de J. Guillot, né à Trémont en Maine-et-Loire. A l’évidence la mobilité dans le secteur était importante et le principe a été d’inscrire ceux qui vivaient à Massais au moment de leur départ pour le front. Le tableau suivant présente la liste des Morts relevée sur le monument avec leur lieu de naissance, âge et profession si nous avons pu la connaître.

NOMPRENOMNé àAGE décèsPROFESSION
CHOLLETConstantBoësse32 ansdomestique
CHOUTEAUJosephArgenton-Ch29 ans 
CLEMENTAugusteMoutiers21 ans 
COURJAULTEliséeMassais22 ans 
COUSINLouisBreuil22 ans 
DEVISDanielMassais22 anscultivateur
DOUBLIEMarcelMassais23 ans 
FAUCONGustaveSt Léger de M20 ansboulanger
FOUCHEREAUAugusteBouillé St Paul33 ans 
GIRAUDAiméCoutières33 ans 
GOURDONAbelMassais26 anscultivateur
GUIGNARDGustaveMassais21 ans 
GUILLOTJosephTrémont (49)36 ans 
JOLLYAlphonseMassais24 ans 
Le CAMClément GeorgesMassais23 ansdomestique
MOREAUFranckLa Plaine33 ans 
NAULTHenriMassais21 anscultivateur
NOMBALAISAdrienMassais20 ans 
PIERROUAISAdrienMassais25 ans 
POIGNANTLouisMauzé-Th33 ans 
POIGNANTJosephMauzé-Th31 ans 
POIRIEREtienneBoësse30 ans 
PUICHAULTAlphonseChambroutet26 ans 
PROULTJean BaptisteLes Verchers21 anscultivateur
RAIMBAULTEugèneNoirterre23 anscultivateur
SIBILEAUIsaïeGenneton20 anscultivateur
TURMEAUMoïseBouillé-Loretz22 ans 

La liste des professions ayant été tirée du recensement de 1911, leur absence signifie que les intéressés n’étaient pas à Massais au moment du recensement. Certains étaient alors à l’Armée, mais pour les autres nés ailleurs que dans la commune leur absence est un peu un mystère.  

Heureusement à cette liste douloureuse de décès ne s’ajoute pas une liste de victimes de la grippe espagnole qui semble avoir épargné le village.

Après la guerre, il a été proposé aux familles le rapatriement des corps dans leur commune. Personne à Massais n’a répondu favorablement à cette proposition. Ainsi au cimetière ne repose aucun Poilu, mais quelques plaques souvenirs ornent des sépultures familiales, comme celle qui rappelle le souvenir des frères Poignant.


Entre 1918 et 1939
Entre les deux guerres, il semble qu’aucun évènement marquant n’ai touché le village à l’exception de la journée de pêche qui a été à l’origine de la création du Duhomard.
Le village vit plutôt bien. Les festivités, bals ou concours divers, sont nombreuses. Le progrès, téléphone et eau courante se répand peu à peu dans la commune. Les commerces
sont assez nombreux et variés pour satisfaire les principaux besoins des habitants et l’on a décompté pendant cette période jusqu’à neuf cafés ou commerces où il était possible de boire un coup. C’était le cas par exemple aussi bien au Moulin Vieux qu’au Moulin Bernard
qui servait aussi de guinguette. Le service militaire obligatoire invite les jeunes gens à découvrir d’autres cieux parfois lointains. Deux d’entre eux y perdront la vie et leur nom est inscrit au Monument aux Morts.
Adalbert Boret est mort en 1926 des suites de blessures à l’infirmerie de Ouezzane au Maroc. Dans l’avis de décès envoyé par l’officier d’administration à la commune il est inscrit
« Mort pour la France » bien que nous ne connaissions pas les circonstances de ces
blessures. Quant à D Réthoré, il est décédé en 1925, nous n’avons pu jusqu’à présent en savoir davantage.


La deuxième guerre 1939-1945
Rares sont désormais les habitants qui ont des souvenirs de cette guerre, vécue évidemment de façon très différente que la Grande Guerre. Ce qui a marqué le village c’est
avant tout l’afflux des réfugiés arrivés nombreux, en particulier des Ardennes.
Ils ont été bien accueillis au Couvent et chez tous les habitants disposant d’un peu de place. Il n’était pas rare, même longtemps après la guerre, de voir certains de ces réfugiés
revenir à Massais sur les lieux où ils avaient vécu des jours difficiles.
Pour cette période trois noms sont inscrits sur le monument aux morts.
Léon Bitaudeau est décédé à Blanzy dans les Ardennes le 9 Juin 1940.
La mort de Louis Tessier n’a été reconnu officiellement que par un jugement du tribunal de Bressuire en 1950. Il est noté comme décédé à Somloire le 24 Mars 1945.
Quant à Henri Ambroise il est mort de noyade alors qu’il était sous les drapeaux le 25 Juin 1945.


Depuis 1945
Le développement de l’automobile a rendu plus facile l’accès aux villes où les magasins étaient mieux achalandés. Peu à peu tous ces commerces qui survivaient à Massais
ont disparu. La boulangerie a disparu dans les années 80 . Il en est de même pour les cafés.
Seul a résisté longtemps celui de Madame Pineau qui a servi avec adresse à ras bord ses verres de muscadet jusqu’à plus de 80 ans. Ne demeure plus qu’une petite supérette qui fait aussi office de bar.
Le village a vécu une vie sans histoires notables. Les festivités ont diminué même si désormais la commune dispose d’une salle des fêtes bien aménagée et si les associations
s’efforcent de maintenir une vie sociale bien concurrencée par l’attrait de la télévision et de l’informatique sous toutes ses formes.
Cependant l’évènement marquant de ces dernières années reste la disparition de Massais en tant que municipalité. Intégrée à la commune nouvelle de Val-en-Vignes, levillage ne dispose plus d’un maire et d’un conseil municipal mais d’un(e) maire (déléguée) et n’a conservé au plan administratif que la spécificité de son code postal (79150) différent de
celui de Val-en-Vignes.
Cependant Massais garde bien des atouts pour attirer la curiosité des touristes et faire la fierté ou la joie de ses habitants.


Les personnalités du village.
Aucune personnalité de massais n’a eu une renommée dépassant le cadre local. Nous avons déjà cité les familles Marillet et De Rangot propriétaires des deux principales
gentilhommières et les Babaud le premier curé et ses deux neveux, l’un curé à la disparition mystérieuse et l’autre boulanger mais surtout chef de la Garde Nationale et l’un des
premiers maires de la commune, ainsi qu’Alexandre Borit élu difficilement la première fois mais réélu deux fois sans difficulté, preuve que son mandat avait été une réussite.
A ces personnalités il faut ajouter Jacques Garreault fièrement qualifié dans le recensement de 1836 « Chevalier de la Légion d’Honneur », à l’évidence un ancien grognard
de l’Empire dont nous ne désespérons pas de retrouver le parcours.
Plus récemment quelques personnes ont joué un rôle important dans la vie de la commune. André Joly le restaurateur dont les moules à la crème restent dans la mémoire de
bien des Thouarsais. Madame Pineau, mère de celui qui fût maire de Thouars, qui a tenu son café jusqu’à 85 ans continuant à servir d’une main sûre à ras bord ses verres de Muscadet, sans oublier Claude Ferjou le maire de Massais qui a tenu son poste le plus longtemps, de1989 jusqu’à la disparition de la commune intégrée à Val-en-Vignes.

Les commentaires sont fermés.